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Chapitre 2: Une impression de déjà-vu

Hamburg est tellement grande, on s'y perdrait facilement. C'est bien le cas de Nina, le mec prend des routes qu'elle n'a jamais vu de sa vie. Son stress ne fait qu'augmenter, son premier client...Si en plus elle pouvait lui chouraver un peu de bouffe, ce serait génial! Et ce connard ne montre toujours pas qui il est, c'est une star ou quoi? Remarque, vu la bagnole, c'est à ce demander. Elle pourrait peut-être augmenter un peu le tarif, comme ça, elle pourrait se payer une double dose! Ça c'est une bonne idée!

« Tu es bizarre...Je croyais que les prostitués mettaient leurs clients en confiance. Toi, tu ne dits rien. »

Elle sursauta en entendant le conducteur lui parler.

Son coeur bat à cent à l'heure:

« Tu veux dire quoi part mettre en confiance?

-J'en sais rien, moi...C'est pas comme ça qu'on fait dans les films?

-T'as jamais, enfin...

-Aller aux putes? Non, je reconnais c'est la première fois, si c'est ce que tu veux savoir. Mais si je t'emmènes, c'est pas pour te donner du fric et que tu me tailles une pipe. »

Quoi? Mais quel goujat! Il l'a prend dans sa bagnole, il l'emmène dans les trous du cul de la ville, pour lui dire qu'elle aura pas droit à du fric? Il la prend pour une cruche!

« Dans ce cas, désolé, mais je n'ai rien à faire dans cette bagnole.

-Non, tu ne sortiras pas!

-Si je fais la pute c'est pour gagner du fric, pas pour qu'on m'emmène pour me sortir et faire ma petite crotte comme un chien! »

C'est bien vrai, il l'a prend pour une cruche. Il se met à rire, comme un malade, à en pleurer, d'un rire aigü, mais franc. Nina remarque d'ailleurs que ce dernier à la langue percé...Bizarre...A vrai dire, en le regardant de plus prêt, elle a une impression de déjà-vu.

Un profil féminin, une langue percée, de longues mains...Où elle les a vu? Impossible à savoir. Pendant ce temps là, ce con continue a se marrer:

« Oh, excuse-moi, mais...Ouf, c'est trop drôle, un petit chien, n'importe quoi!

-Bon alors, je peux savoir, pourquoi tu m'emmènes et où?

-Je t'emmène chez moi.

-Mais encore?

-Je te sauve la vie.

-Pardon?

-Je t'offre un toit un lit et de la nourriture gratos.

Oh mais quel générosité!

« Pourquoi MOI?»

Le conducteur laisse un long silence se passer. Il en profite pour faire un virage sur la gauche avant de continuer tout droit:

« Je t'ai vu hier. Tu m'as fait pitié.

-Mais c'est pour ça que j'ai l'impression de te connaître!

-Possible » dit-il en haussant les épaules.

« Après, si tu refuses... »

La voiture s'arrête d'un coup, avec un bruit qui agresse les tympans. Le conducteur avance le bras vers Nina, pour se poser sur la poignée intérieure, ouvre violemment la portière:

« Tu peux partir. Fais ton choix. »

La question ne se poserait pas deux fois. Il lui offre tout gratos, et si ça se trouve, elle aura même pas besoin de coucher avec lui pour rester, c'est quand même cool! Mais c'est un inconnu.. Il faut faire un choix, et tout de suite! Ou elle reste au chaud, ou elle reste au froid. Mais comment elle va se démmerder pour chercher son héro sans pognon?...Elle n'aura qu'à il prendre un peu d'argent...Discrètement.

Elle referme la porte aussi violemment qu'elle a été ouvert:

« Je reste.

-Très bien, tu ne le regretteras pas.

-Mais est-ce que je pourrais sortir de temps à autre... Pour affaire?

-T'es un être humain, tu fais ce que tu veux. »

La voiture prend de la vitesse. Quelques virages plus tard, ils arrivent devant une grande grille. Une homme plutôt costaud, avec des petites lunettes s'approche de la voiture. L'inconnu échange quelques mots avec lui, tout bas, pour ne pas qu'elle entende. Le garde du corps hoche la tête avant d'ouvrir le portaille. La voiture redémarre avant de se garer devant un petit immeuble, tout simple.

Le moteur éteint, l'homme sort, suivit de Nina. Elle fait le tour de la voiture pour le rejoindre, plus en confiance désormais:

« Suis-moi, mais surtout pas de bruits! »

Elle fait oui de la tête. L'homme part devant d'un pas rapide et léger. Nina en profite pour « mater »... Il a un beau petit cul... Intéressant...Il est très maigre, par contre, à croire qu'il est anorexique.

A petits pas elle le suit. Ses chaussures à talons la font souffrir de martyre. Ses pas la guident devant une porte bordeaux. L'inconnu sort une clé plate, l'enfonce dans la serrure avant de la tourner. La chose classique pour ouvrir une porte. Il l'invite à rentrer. La pièce est plongée dans le noir, il referme la porte derrière lui. Elle profite de cet instant de repos pour enlever ses chaussures et laisser à l'air libre ses pieds meurtris. Elle sent une main se glisser dans la sienne. Une main froide, mais chaleureuse à la fois. C'est son inconnu qui la guide:

« On va descendre un escalier. Je n'allume pas la lumière, parce que je vis avec des collocs, et je ne veux pas les réveiller. »

Attends deux secondes, s'il a des collocs, qui apparemment ne sont au courent de rien...Elle, elle dort où???

Elle se laisse guidée, malgré tout, elle l'aurait suivit jusqu'au bout du Monde pour garder sa main dans la sienne. C'est si agréable, un peu de chaleur humaine. Si on y réfléchit, ce jeune homme, dont elle ne connaît même pas le nom, lui propose un toit et de la nourriture pour rien.

C'est vraiment généreux, avec du recule, elle s'en rend compte. Il faudrait qu'elle se procure du fric ailleurs. C'est quand même vache de lui chouraver du fric, alors qu'il est si gentil.

Sortie de ses pensées, elle se rend enfin compte que la lumière est revenu. Une petite pièce apparaît devant elle. Une simple pièce avec un lit un bureau et une petite table. Une autre porte se trouve en face d'elle. Nina comprend très vite que cette petite pièce va être son nouveau logis:

« Je suis désolé, c'est un peu petit, mais c'est toujours ça. J'avais préparé ton arrivée.

-Et si je n'avais pas accepté?

-T'inquiètes, ce n'est que de la récup, de bonne qualité entre nous soit dis.

-Merci en tout cas.

-Voilà la clé. »

Il lui tend le double des clés, qu'il était parti faire juste avant d'aller la chercher. Elle tend la main mais...Elle a soudain la tête qui tourne, les images se promènent en vagues autour d'elle... Le manque la travaille:

« Ça ne va pas? T'es toute pâle et t'as les lèvres bleues! »

-J'ai...

Bill a juste le temps de rattraper le corps fragile de la jeune fille dans ses bras, pour ne pas qu'elle se cogne la tête.